Benoît Hogue réinvente le plat le plus populaire d’Expo 67
Par Johanne Mercier
Crédit photo – Benoît Hogue
Imaginez un jeune garçon turbulent. Benoît Hogue son nom. Puis une nounou qui ne sait plus trop bien comment l’occuper, lui qui déborde d’énergie.
Puis tout à coup, l’inspiration !
Elle l’installe à un bout du comptoir de la grande cuisine pendant qu’elle prépare les repas. Fasciné par les ingrédients qui se transforment sous ses yeux, il offre de mettre la main à la pâte. La nounou y voit l’occasion rêvée de calmer les ardeurs du jeune garçon. « Je n’ai jamais épluché autant de carottes de ma vie, confie aujourd’hui Benoit Hogue. Mais j’ai compris à ce moment-là quelque chose qui allait me suivre pour bien longtemps: que la cuisine est une occasion de partage, le partage de l’histoire et du savoir. »
Aujourd’hui, Benoît est à la tête de la Brigade volante, un traiteur qui partage en effet de belles créations gastronomiques. Et qui en a partagé toute une le mardi 25 avril lors de la Soirée 50e anniversaire d’Expo 67, jour de grande première du film Expo 67 Mission Impossible. Pour le plus grand bonheur de 700 invités VIP réunis à la Place des Arts pour l’occasion, il a fait revivre les célèbres BoBo Balls de l’Expo. Petites boules de viande assaisonnées, d’origine polynésienne, accompagnées d’une sauce aigre-douce, elles ont fait la joie des visiteurs de l’expo qui découvraient alors d’autres saveurs exotiques que celles du pâté chinois et de la pizza ! La découverte a été assez spectaculaire pour qu’on en parle encore 50 ans plus tard.
Crédit photo – Benoît Hogue
« Je crois que les Québécois sont tombés en amour avec la simplicité du plat, il y avait d’abord le porc, produit phare de notre cuisine à l’époque. Le côté fried food aussi, car qui n’aime pas la friture? Et pour finir une sauce aigre-douce…. What’s not to like! »
« Pour le menu Expo 67 ce soir-là, je me suis laissé inspirer par les recettes. J’ai tenté de recréer certaines recettes, en les modifiant en versions bouchées, pour que tous les convives de la soirée soient replongés dans la cuisine de l’Expo. »
« L’Expo fut vraiment le début de l’ouverture culinaire de Montréal, avec l’arrivée massive de chefs qui ont alors décidé de s’installer ici. »
L’ouverture des Québécois à la gastronomie d’ailleurs et le génie de nos chefs, qui ont su en tirer le meilleur parti, font aujourd’hui de Montréal une des capitales incontournables de la restauration mondiale.
Le parcours de Benoît !
« J’ai su assez tard que je voulais devenir cuisinier, raconte-t-il. J’ai fait mille métiers, mais je revenais toujours à la cuisine. La cuisine, c’était mon alliée. J’ai fait mes classes à l’école hôtelière à Montréal et mes stages dans les meilleurs restaurants de l’époque. Puis vint le premier emploi, d’abord en bas de l’échelle, comme plongeur. Puis j’ai monté dans l’échelon de différentes brigades culinaires.
J’ai tout fait : aboyeur, communard, commis, grillardin, etc, pour finir chef exécutif pendant 21 ans dans une des plus importantes sociétés de la Couronne. Puis il y a neuf ans, j’ai créé le service traiteur corporatif La Brigade Volante, qui se spécialise dans l’événementiel, tout en gardant plusieurs autres divisions de la restauration de masse en entreprise et la division consultation et standardisation de recettes pour les géants de l’alimentation. »
Crédit photo – Benoît Hogue et Productions de la ruelle
Ses inspirations !
« Il y a d’abord eu Claudette, spécialiste de la cuisine québécoise et des câlins, se souvient-il. J’utilise encore aujourd’hui sa recette de tarte à la farlouche et son mélange d’épices pour mon ragoût de boulettes. Plusieurs autres passionnés de cuisine se sont succédé au fil des ans pour travailler à la maison. De la madame russe à la mamie guadeloupéenne qui m’ont montré comment faire le Colombo, le borsch, un plat extraordinaire, au cuisinier français qui m’a transmis sa passion pour les abats, la cueillette des champignons et la pêche ! »
Le père de Benoît était un fin gourmet. On l’aura deviné. Il adorait suivre des cours de cuisine avec de grands chefs. À l’époque, les sommités dans ce domaine étaient Henri Bernard et Pol Martin, qui ont inspiré et enseigné à toute une génération de cuistots. La gastronomie règne en maître chez les Hogue : chaque week-end surgit une nouvelle recette, un nouveau plat, toujours une occasion de célébrer un repas en famille.
Les voyages sont aussi une source inépuisable pour Benoît. Très tôt, il voyage avec ses parents, un plaisir qu’il renouvelle lorsqu’il est adulte.
« Ces voyages m’ont permis de m’imprégner des différentes cultures et coutumes culinaires du monde entier. La culture vinicole l’attire aussi ; on le voit dans les vignobles, heureux comme un roi ! »
Mais c’est à la Brigade volante qu’il vit ses plus beaux moments : la célébration des sens et un hymne à la vie et à la bonne chair, qu’il considère essentiels à son bonheur.