Comment organiser un événement extraordinaire à Montréal

Ça prend d’abord la bonne équipe!


Par Carmen Desmeules

On les appelle les «durs». Ils sont six hommes. Les «mad men» d’Expo 67. «Mad» parce qu’ils acceptent de relever le défi de mettre sur pied une Exposition universelle en moins de quatre années, alors qu’il en faut normalement dix.

  • Pierre de Bellefeuille, directeur des exposants
  • Jean-Claude Delorme, secrétaire et avocat-conseil, service du contentieux
  • Dale Rediker, directeur des finances
  • Andrew Kniewasser, directeur général
  • Yves Jasmin, directeur de l’information, de la publicité et des relations publiques.
  • Philippe de Gaspé Beaubien, directeur de l’exploitation
  • Edward Churchill, directeur de l’aménagement

Les «durs» se réunissaient les mercredis, chez les uns et les autres, pour discuter et évaluer l’avancement de leur méga projet. Ils ne se mêlaient pas de politique, ils étaient tout entier dévoués à la tâche, la mission impossible de livrer des îles, des pavillons, des infrastructures, un parc d’attractions, des ponts, etc. dans un temps record…

Philippe de Gaspé Beaubien, le véritable «Maire d’Expo»,  se souvient : «Il faut que vous sachiez qu’il ne nous restait que trois ans et demi pour accomplir la tâche. Andy Kniewasser, le directeur général, était de descendance allemande. Il avait une main de fer, et c’est lui qui a appelé notre groupe «les durs», mais il y avait une belle collégialité au sein du groupe…»

Yves Jasmin raconte : «Kniewasser, a eu l’idée de former l’équipe, parce que c’est un ancien joueur de football. Au football, c’est important d’avoir la cohésion du groupe, et pour obtenir cette cohésion, il a créé le groupe des «durs». Il fallait qu’on soit au-dessus de la politique. On ne pouvait pas se faire dicter des choses par n’importe qui, qu’il soit sénateur ou autre. On avait reçu l’ordre de prendre un certain monsieur Untel, mais on nous avait rappelé de ne pas nous laisser influencer par qui que ce soit. C’était notre job à nous de faire une exposition, et ce n’était pas parce qu’ils payaient pour l’Exposition qu’ils pouvaient nous dire quoi faire. On s’aidait les uns les autres. Et on avait toujours ce sentiment que si l’on était attaqué, on présente les cornes. »

Les «durs» ont réussi la mission impossible, malgré les réticences venant de partout, surtout du Canada anglais…

Sources : Entrevues avec Philippe de Gaspé Beaubien et Yves Jasmin, 2016.

Diefenbaker accuse Montréal de s’offrir une « orgie romaine » !